L'Intelligence artificielle
au service des auteurs

Pourquoi former les auteurs à l’IA aujourd’hui ?

Parce qu’elle est déjà là : d’autres s’en servent, pourquoi pas vous ? Qu’on le veuille ou non, elle ne va pas disparaître. Oui, elle peut représenter une menace pour de nombreuses professions. Il faut encadrer, légiférer, contraindre peut-être, comme c’est le cas aux États-Unis avec l’accord WGA. Mais on aurait tort d’ignorer les opportunités. À condition d’avoir un cadre clair, éthique, une vraie conscience d’auteur. Il ne s’agit pas d’utiliser l’IA de façon compulsive, ni de lui déléguer l’acte d’écrire, même s’il y a ceux qui aiment vraiment écrire et ceux qui aiment surtout inventer des histoires. Dans tous les cas, l’IA ne doit pas être une baguette magique mais un levier créatif. Et puis l’IA pour un auteur ne sert pas qu’à créer et écrire, c’est ce qu’on apprend dans nos formations.

Comment l’utiliser sans tomber dans le cliché ou la standardisation ?

C’est LA grande question — et tout l’enjeu de la formation des auteurs. Utilisée sans finesse, l’IA produit des résultats banals. Génériques. Parfois franchement mauvais. Et surtout, elle a plein de biais culturels ! Mais si vous savez la pousser dans ses retranchements, lui poser les bonnes questions, détourner ses automatismes, elle devient un allié étonnant. Comme n’importe quel outil, il y a une technique… Ou plutôt : des techniques.

C’est pour cela que vous avez créé vos propres GPTs ?

Je porte cette idée que l’IA doit nous assister pour obtenir le meilleur de nous-mêmes plutôt que de nous obéir. La plupart des gens se perdent face à un agent conversationnel standard qui, je le répète, ne fait que manier des mots statistiquement, avec plein de biais. Et je ne crois pas aux plateformes d’IA dédiées au scénario, trop rigides et formatées comme il en existe sur le marché, car une IA peut faire beaucoup mieux que cela pour un auteur. Nous avons mis au point des GPTs, c’est à dire des petites applications spécialisées, capables d’intégrer ce qu’est un scénariste, la complexité d’un récit, de faire de la maïteutique. Comme je le fais avec les auteurs dans le cadre de mes consultations… Et en plus, ça peut être drôle.

Vous voulez être remplacé ?
Est-ce que l’IA peut se substituer à un scriptdoctor ?

Ca va, je dors tranquille ! Lors d’une consultation, il se passe tellement de choses sensibles, fines, humaines pour que l’IA s’y substitue. L’IA peut aider, parfois mieux parler que nous. Mais ce bon vieux post-it collé de travers à 2h du matin avec un doute existentiel ? Elle ne le connaît pas. Elle n’a jamais passé une nuit blanche après un synopsis refusé. Et puis, je vous donne un scoop : l’IA n’a qu’une connaissance statistique des émotions et des sentiments, qu’ils soient d’un auteur, d’un acteur, d’un personnage, d’un spectateur. Or écrire, c’est travailler sur les émotions et en provoquer. 

Quel est votre retour d’expérience personnel dans vos projets ?

Je suis technophile depuis l’adolescence. Avant d’être scénariste, j’ai cofondé des start-up. J’ai toujours aimé explorer les outils, tester, détourner les usages. Depuis Alan Turing, la frontière entre l’homme et la machine est une question centrale, mais ce qui se passe aujourd’hui avec les IA génératives est réellement bluffant. Je fais partie des auteurs qui ont écrit avant l’IA. Je n’en ai pas besoin, je sais faire sans. J’en use donc avec une grande tranquillité, car je ne suis pas en crise de légitimité en tant qu’auteur vis à vis des facilités qu’elle m’offre. Ce doit être un peu différent pour les auteurs qui débutent en ce moment… L’IA m’a aidé à aller plus loin, plus vite, parfois même à me surprendre moi-même. Et quand on travaille sous contrainte de temps ou avec plusieurs projets en parallèle, cet assistant devient un précieux allié.